
Monique, la nouvelle est tombée hier, tu nous quittes, tu quittes cette terre laissant en héritage à des milliers d’artistes, de collaborateurs et collaboratrices, des Francophonies dont tu as été la cofondatrice en 1984 avec Pierre Debauche à Limoges.
Tu nous excuseras de là où tu es, nous te disons "tu".
Nous, connu·e·s ou inconnu·e·s de toi.
Nous, que tu fais venir à Limoges durant les années 80 et 90 pour montrer à la face du monde artistique français, que oui, nous existons, créateurs et créatrices en langue française, que l’on soit de Montréal ou de Brazzaville, de Bruxelles ou de Tunis, de Beyrouth ou de Hanoï ; nous, autrices et auteurs francophones, qui écrivons dans cette langue que nous transformons et faisons vivre par nos inspirations venant de tous les continents ; nous, qui avons travaillé avec toi ou qui sommes arrivé·e·s après ; nous, femmes, hommes, enfants, adolescents, adultes, à qui tu as offert le monde sur un plateau de théâtre se déployant à l’infini ; nous, tous et toutes, pour qui ces leçons d’humanité ont changé profondément le cours de notre vie ; nous, d’ici et maintenant, qui continuons, de là où nous sommes, de tracer le chemin.
L’Histoire retiendra qu’au départ de Pierre Debauche en 1987, trois ans après le début de l’aventure, tu reprends le flambeau et, avec une équipe dont tu t’entoures, tu conduis le festival des Francophonies vers sa maturité, développant de nombreux partenariats avec des artistes qui, pour la plupart sont entrés, via Limoges, pour la première fois sur le territoire français (Sony Labou Tansi, Robert Lepage, Michel-Marc Bouchard, Wajdi Mouawad, Gao Xing Yiang, Were Were Liking, Souleymane Koly…).
C’est sous ton impulsion que le festival promeut fortement le travail d’écriture et le soutien aux jeunes plumes francophones, en fondant en 1988 à Limoges une Maison des auteurs, lieu de résidence pérenne, à l’époque où aucun autre lieu n’existait en France pour accueillir ces créateurs. D’ailleurs ils et elles te le répétaient souvent, tu étais leur "Mama", celle qui leur donnait les conditions les plus favorables pour naître au jour de leur texte.
Fin 1999, après seize ans de compagnonnage avec les artistes, de ténacité inlassable avec les partenaires pour, toujours et encore, les convaincre de la nécessité absolue de l’existence de ce rendez-vous, tu transmets le flambeau pour que d’autres prennent la route.
Aujourd’hui ces "nous" se rejoignent pour te dire Merci !
PS : tu trouveras pour t’accompagner l’affiche du festival des Francophonies de 1986, réalisée par d’Assane N’Doye, affiche que tu affectionnais particulièrement.