MELLAL Arezki


Algérie Origine de la bourse : Centre national du Livre

Arezki Mellal vit à Alger, où il est né en 1949.

Graphiste, maquettiste, éditeur de livres d’art, scénariste de BD, il a toujours évolué dans l’univers du trait et de la lettre, jusqu’aux années 1990, quand, au lendemain de la suspension du processus électoral, l’Algérie plonge dans la "décennie rouge". Arezki Mellal choisit alors de se consacrer à l’écriture : J’aurais pu ne jamais écrire. Non, j’ai toujours écrit, mais sans publier, et j’aurais pu ne jamais publier… je crois que c’est la situation, il a fallu qu’on en arrive là pour me décider, non seulement à éditer mais à écrire plus que ce que j’écrivais. C’est terrible que la littérature demande parfois je ne sais quelle plongée dans l’horreur, dans l’indicible.

C’est donc à 51 ans qu’il publie son premier roman sur une époque maudite, Maintenant ils peuvent venir (édition Barzach, 2000 ; Actes-Sud, 2002, Poche/Babel 2014). Le livre raconte l’errance d’un homme à travers son pays transformé en « capitale de la douleur ».

"De culture française, Arezki Mellal reste profondément attaché à ses racines méditerranéennes. Son roman est une célébration de cette méditerranéité dont « Alger est la dernière parure », écrit-il. Son écriture est poétique, impressionniste, jaillie de la souffrance. Son œuvre, qui se partage entre la fiction (un roman et des nouvelles) et le théâtre (La Délégation officielle, Sisao, En remontant le Niger), est une œuvre de résistance contre la tyrannie, la domination, le racisme (Tirthankar Chanda - Jeune Afrique, avril 2009)."

mise à jour 7 février 2014

Créations de l'auteur

Roman

Maintenant, ils peuvent venir , (roman) éditions Barzakh, Alger, septembre 2000 ; éditions Actes Sud, mars 2002 ; Casbah éditions (Algérie) 2008 ; édition Poche / Babel, Actes Sud, février 2014. Prix du Premier Roman / Chambéry 2003. Prix de la ville d’Issy-les-Moulineaux (2003). Prix du roman maghrébin de l’association Coup de Soleil (Montpellier, 2006).
Algérie, la guerre intérieure. Comment entrer dans ce lent et irrépressible mouvement de montée de la violence ? Comment vivre la peur, partager la haine, sentir l’étau se resserrer, inexorablement ? Comment préserver sa part d’humanité et aimer encore en ces temps de mort ?
Arezki Mellal, dans ce premier roman d’une implacable douceur et grâce à une écriture toute en intériorité, nous fait pénétrer dans l’univers de cette Algérie noire, où les groupes islamistes armés d’Antar Zoubir terrorisent la population. Comment éprouver cette "capitale de la douleur" et découvrir, au creux de la violence, un désir d’ailleurs et une intensité de vivre que seule la Méditerranée incarne ?
Avec Maintenant, ils peuvent venir, Arezki Mellal nous donne à lire le conte cruel d’une époque qui cherche enfin à sortir de l’ombre.

Arezki Mellal a réalisé une adaptation scènique du roman. Le spectacle, mis en scène par Paul Desveaux, assisté d’Irène Afker et du chorégraphe Yano Iatridès, a été créé au Théâtre des deux Rives à Rouen en février 2007, puis repris à la Comédie de Reims en mars, au Théâtre des Abbesses (Théâtre de la Ville) à Paris en mai 2007 et aux Francophonies en Limousin en septembre 2007. En tournée en novembre 2008 à Chartres, Strasbourg et Montbéliard.

Théâtre

Le Général Fou , théâtre, 2014. Aide à l’écriture
Textes accompagnés, Collectif « À mots découverts ». Mise en scène par Patrick Janvier, 2019

Samedi la Révolution , théâtre, 2011.
mise en scène Rachid Akbal, Compagnie Le Temps de vivre, création au Théâtre de Belleville à Paris et tournée à Colombes et Villeneuve-la Garenne du 24 janvier au 17 février 2013.
Alger, veille du 5ème samedi de manifestation. Kamel après 3 ans d’exil volontaire, quitte sa prison refuge de Rotterdam, pressé de rentrer au pays pour assister au grand match de l’état contre le peuple. Fatima, la fiancée abandonnée, continue sa lutte pour la liberté des femmes envers et contre une société machiste et conservatrice. Kader, l’ami d’enfance, allume les feux du soulèvement populaire : vendeur officiel de cigarettes à la sauvette, il est le « blogueur fou », clandestin des cybers. Tout Alger l’écoute. Alger rêve d’une nouvelle révolution. Tout se joue là, dans l’urgence d’être enfin au rendez-vous de l’Histoire.
La langue corrosive et percutante d’Arezki Mellal dessine les espoirs, les peurs et la rage de trois jeunes gens entre exil, lutte et quête d’identité. Sur les décombres d’une dictature agonisante, troix voix s’entrechoquent, trois souffles pour dire la fièvre de la révolution.
Nombre de personnages : 1 femme, 2 hommes, 3 voix.

L’Etoile noire ou L’Etoile et la comète , aide à l’écriture de Beaumarchais 2008 ; avec l’aide à la création du CNT en 2008. Editions Barzakh (Algérie, 2008) suivi de La Délégation officielle et de En remontant le Niger. Création au Théâtre Le Sémaphore, Port de Bouc les 27 et 28 mars 2009 ; La Friche la Belle de Mai, Marseille les 10 et 11 avril 2009 et en tournée en Algérie.

Dire la mort du lion , texte constituant le prologue et l’épilogue d’El Machina, une adaptation et mise en scène de Ziani Chérif Ayad inspirée des Dires d’Abdelkader Alloula. Spectacle créé à la Friche Belle de Mai Marseille en novembre 2006.

En remontant le Niger , théâtre, éditions Actes Sud-Papiers, novembre 2006. Avec l’aide à la création du CNT et le soutien de la SACD à l’auteur en 2007.
Ils ne sont pas deux innocents touristes parisiens qui remontent le Niger. Ils mettent la main sur Moussa le guide qu’ils appelleront Lustucru parce que c’est sa faute : on ne parle pas dans la brousse à l’imparfait du subjonctif ! Au cours de ce voyage, le plan secret de la mère est de guérir son fils par un tour de magie des sorciers à plumes comme on en voit à la télé et dans les magazines. Chemin faisant, il faudra qu’elle passe du bon temps avec un beau noir, le guide par exemple. Le plan secret du fils est de se débarrasser de la vieille rombière pour hériter vite, très vite. Pour cela et, chemin faisant, il faudra soudoyer un noir, le guide par exemple.
Lustucru le guide trimballera une femme à la fois farfelue et fantasque et un homme sans état d’âme dans une Afrique malmenée par la misère et la faim, par la dictature et la corruption, par les guerres ethniques et les guerres de religion, par les visées des frères du désert et des frères d’Amérique, voire par des interventions humanitaires.
C’est dans ce plat que les touristes mettront les pieds. La mère piétinera le tout allègrement et innocemment à travers des péripéties qui relèvent du dessin animé loufoque et cruel. Cette Afrique ravagée qui « n’a pas besoin de bouffe mais d’armes » est du pain béni pour le fils qui va vendre des mines antipersonnel pourries. Qu’importe si son client est un soldat de treize ans et demi, qu’importe s’il lui faut épouser une horrible créature, et, Paris valant bien une messe, qu’importe s’il faudra passer par les couteaux et affûtoirs de la circoncision.
Mais, pour notre intrigant sans scrupules et sa pathétique maman, Moussa le guide ne servira ni d’exutoire à l’un ni d’exécutant à l’autre. Très habilement et très gentiment indocile, il les mènera vers une fin imprévue où tel est pris qui croyait prendre. Car, voyez vous, l’eusses-tu cru n’est pas l’imparfait du subjonctif mais le plus que parfait du subjonctif, même dans la brousse !
Nombre de personnages : 1 femme, 2 hommes, 3 voix.

En remontant le Niger : mise en scène d’une version arabe (traduction de Mourad Senouci) et d’une version française par Amel Himeur, Tarik Bourrara et Mouhamed Messatfa, à Marseille, Friche La Belle de Mai, novembre 2007. La pièce, produite par le Théâtre du Tarmac (parc de la Villette) et mise en scène par Maria Zchenska a été créée le 9 octobre 2008 aux Récréatrales de Ouagadougou (Burkina Faso) et tournée aux Centres culturels français le 13 novembre à Oran, 16 et 17 novembre à Alger, puis en France au Tarmac de la Villette à Paris, du 3 mars au 4 avril 2009.

Fada rive droite , mise en scène Nabil El Azan, création au Festival d’Avignon Off 2009, tournée en Europe, Moyen-Orient et Afrique.

La Délégation officielle , éditions Actes Sud en avril 2004.
En Algérie, voici venu le temps de la démocratie et du libéralisme, du travail et de la rentabilité. Comment sortir des années de plomb et remettre les comédiens au travail ? C’est parce qu’ils sont trop habitués à être assistés et à faire dans la propagande de l’ancien régime que le directeur du théâtre national invente pour son petit monde une délégation officielle. Mais la démocratie fait déferler sur le plateau des ouvriers en grève et des politiciens démagogues et violents. L’intervention inopinée des spectateurs porte la confusion à son paroxysme…
Nombre de personnages : 3 femmes, 6 hommes.

La Délégation officielle a été adaptée et réalisée pour la radio par Michel Sidorof, diffusée sur France Culture en 2003 et Radio France Internationale en 2004. Première lecture publique en France dans le cadre du Festival Regards Croisés le 20 mai 2003 à Grenoble au CDNA de Grenoble dirigée par Jean-Marie Boëglin. Mise en espace au CDN d’Orléans réalisée par Olivier Py, mai 2003. Lecture au 21e Festival international des francophonies en Limousin (2 octobre 2003), dirigée par Jean-Marie Boëglin, produite par le Troisième bureau (Grenoble) et Les journées de Lyon des auteurs de théâtre. Création par Adama Traoré, metteur en scène à Bamako (Mali) en 2005. Créée en avril 2009 par les étudiants de l’association Répliques de l’Université de Toulouse.
La Délégation officielle a été écrite à l’issue de sa résidence d’écriture à Limoges au printemps 2002. Pièce lauréate du concours « Les journées de Lyon », juin 2003.

Sisao , éditions Actes Sud en avril 2004
Dans ses pérégrinations nocturnes, Ramo voyage. Il évoque un lieu mystérieux, entre prison et asile, le « Festival », d’où il s’est échappé. Il fait des rencontres qui ressemblent tantôt à des cauchemars tantôt à des rêves. Subjugué par la personnalité de son ami Arnold, Ramo raconte comment il a écrit, pour le compte du « Festival », une sanglante pièce de théâtre. Comment, il s’est vu obligé, lui, de monter sur scène pour tuer le dernier personnage. Depuis, Ramo est toujours en fuite. Y aurait-il des créateurs dépassés par leur création ?
Nombre de personnages : 3 hommes, 1 femme.

Sisao a été écrite à l’issue de la résidence d’écriture « La ruche Sony Labou Tansi » organisée par l’association « Ecritures vagabondes » en novembre/décembre 2002 à Bamako au Mali. Lecture par Pierre Barrat au théâtre du Rond Point à Paris en avril 2003. Lecture au CDN des Alpes de Grenoble dirigée par Léo Ferber et Sylvie Jobert en mai 2003. Lectures dirigées par Claude Yersin au Nouveau théâtre d’Angers du 13 au 15 octobre et au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris les 18 et 19 octobre 2003.

Nouvelles

Que se passe-t-il à Rotterdam ? (nouvelle), édition MFI (édition de RFI, Paris), Festival des Francophonies de Limoges, septembre 2002, et la revue culturelle La pensée de Midi (Marseille), 2003.

Chroniques du temps qui passera, nouvelles inédites.

Le Caïd (nouvelle) in L’Algérie des deux rives, ouvrage collectif, éd. Les Mille et Une nuit, Paris, novembre 2002.

Marcelle, Denise, un printemps à Limoges in La Paix en toutes lettres (recueil de textes militants sur le thème de la paix), coédition Actes Sud / À ciel ouvert, novembre 2002. Texte sélectionné et lu au Festival "in" d’Avignon en 2003.

Le roi bon Abubaba (conte drolatique), publié dans le catalogue de la 35ème édition des Belles Étrangères « 13 écrivains algériens », éd. Barzakh-l’Aube (Algérie-France), octobre 2003.

La Méprise (nouvelle), in L’Europe vue d’Afrique, ouvrage collectif, éd. Le Cavalier bleu / Le Figuier (France), avril 2004.

Cinéma

La dernière solution, scénario de long métrage de fiction réalisé par Rachid Benallal, produit par Studiocom, Alger 2008.

Article littéraire

Regarde la mer, dans la revue culturelle "La Pensée de Midi", Marseille, mai 2001, éditeurs Actes Sud.

Autres informations

Arezki Mellal et les Francophonies en Limousin

2002 - Résidence d’écriture à la Maison des Auteurs.

La Délégation officielle a été écrite à l’issue de sa résidence d’écriture à Limoges au printemps 2002.

Que se passe-t-il à Rotterdam ? co-édition MFI (édition de RFI, Paris) et Festival des Francophonies de Limoges, septembre 2002.

La Délégation officielle : Lecture au 21e Festival international des francophonies en Limousin (2 octobre 2003), dirigée par Jean-Marie Boëglin, produite par le Troisième bureau (Grenoble) et Les journées de Lyon des auteurs de théâtre.

En remontant le Niger : lecture par Claude Bernard Pérot aux 22es Francophonies en Limousin le 2 octobre 2005 (Ecrits de résidents) et au Théâtre du Rond Point à Paris (Les Mardis midi des textes libres) le 29 novembre 2005.

Maintenant, ils peuvent venir, mis en scène par Paul Desveaux, septembre 2007.

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Résidences - invitations

La Ruche Sony Labou Tansi, en nov./déc. 2002 à Bamako au Mali - organisée par l’association "Ecritures vagabondes".
La Maison des Ecritures à Neuvy le Roy (37), d’octobre 2003 à avril 2004.

A l’I.U.F.M. de Limoges (en novembre 2003 puis en février, mars, avril 2004) - résidence initiée par le Pôle national ressources "écritures contemporaines francophones et théâtre".
En novembre 2003, Arezki Mellal était invité par le Centre national du Livre à participer aux "Belles étrangères 2003 : 13 écrivains algériens", manifestation littéraire organisée par le ministère français de la Culture.

Il a bénéficié de plusieurs autres bourses d’écritures en France, notamment du Centre national du Livre, La Maison des Ecritures, l’Association Beaumarchais, le Centre régional du Livre de Franche Comté, Mille Univers...

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Ateliers d’écriture

Animation d’un atelier d’écriture avec l’écrivaine ivoirienne Régina Yaou, à Bamako en septembre 2004 organisé par l’association Acte 7 – Festival du théâtre des réalités, Mali, septembre 2004.
En janvier 2008, animation d’un atelier au Lycée Cab

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Liens

Africultures
RFI
Théâtre contemporain

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Partir, écrire
ARTE. 17/07/2004 - Metropolis : Vivre et écrire en Algérie.

Question : Qui est Arezki Mellal ?
Arezki Mellal : À peu près personne ! J’aurais pu ne jamais écrire. Non, j’ai toujours écrit, mais sans publier, et j’aurais pu ne jamais publier… je crois que c’est la situation, il a fallu qu’on en arrive là pour me décider, non seulement à éditer mais à écrire plus que ce que j’écrivais. C’est terrible que la littérature demande parfois je ne sais quelle plongée dans l’horreur, dans l’indicible.
Je crois que le plus important à dire dans un livre, c’est dans quel état d’esprit on l’a écrit.
(…)
Question : Après tout ce que vous venez de dire, pourquoi ne quittez-vous pas l’Algérie ?
Arezki Mellal : Parce que c’est là que je vis, c’est une question de racine, je crois. Vous voyez cette ville terriblement dégradée ? Moi, j’y suis né, je ne veux pas quitter Alger. Je vais souvent en France, je connais bien la France, je suis de culture française, mais je suis étranger et je crois que quitter l’Algérie, pour moi, ce n’est pas émigrer, c’est ce qu’on appelle aujourd’hui l’exil, et dans l’exil, je ne serai plus rien. On n’est rien dans l’exil.ral à Ségou au Mali (projet Ségou-Lilas - Mali-France).

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Ouvrir sa gueule, par Arezki Mellal

Le président : Veuillez décliner vos nom, prénom, âge et qualité. Levez la main droite et dites « je le jure ».
— Arezki Mellal, écrivain, né en août 1949 à Alger, il faisait très chaud, depuis je rêve d’aller au pôle Nord, je le jure.
Le président : Savez-vous pourquoi vous êtes ici ?
— Oui, votre honneur, parce que j’ai dit des choses.
Le président : Tout le monde dit des choses, vous, vous les écrivez, pourquoi ?
— Votre grâce, je crois aussi que tout le monde écrit.
Le président : Tout le monde écrit mais vous, vous rendez public, vous publiez, pourquoi ? Qui, que, quoi, dont, où, lequel ?
— Votre seigneurie, je crois que c’est à cause d’un démon.
Le président : Vous me racontez des histoires. Le démon de l’écriture ?
— De l’écriture ? pas seulement, sérénissime.
Le président : « Pas seulement », vous aggravez votre cas. Il s’appelle comment le démon ?
— « Ouvrir sa gueule », il s’appelle « Ouvrir sa gueule ».
Le président : Bravo, bravo !
Le président se lève et se met à danser suivi par la cour. La chancellerie qui passait par là leur emboîte le pas. Le gouvernement, informé, entame un ballet. La grande muette intervient et arrose tout le monde au tac-tac-tac.