Chocolat clown nègre, fruit d’une collaboration originale entre un historien et un metteur en scène, se veut d’abord un hommage au premier artiste noir de la scène française : Chocolat, qui a ravi le public parisien durant les dernières décennies du 19e siècle.
Peint par Toulouse-Lautrec, filmé par les frères Lumière, protégé de Debussy, Rafael (alias Chocolat), ancien esclave venu de La Havane, connait d’abord le succès en solo, grâce ses talents de comique mais aussi de chanteur et de danseur, dans la foulée du music hall naissant. A partir de 1893, il forme un duo avec le clown blanc Footit, au sein duquel il crée le stéréotype colonial du « nègre stupide », giflé par le Blanc et constamment rabaissé et maltraité. Représentant malgré lui d’un monde noir fantasmé, Chocolat fascine le public parisien… avant de finir sa vie dans l’oubli en 1917.
Au carrefour du théâtre, du cirque et du music hall, Marcel Bozonnet réinvente l’histoire extraordinaire de Chocolat et aborde au passage des sujets tels que la diversité ou l’apport de l’Autre dans la culture française. Chocolat clown nègre dresse ainsi le portrait d’une époque charnière, où les Français, face à l’altérité, ont commencé à se penser comme « Blancs ».
A voir également, la conférence de Gérard Noiriel.