Spectacle pluridisciplinaire.
de Patrick Corillon et Dominique Roodhooft
Cie Le Corridor
« Tant que dans le coeur des hommes, il restera une part de glasgolie, tant que dans les bouteilles de rhum, il restera un fond de glasgolie, alors les chansons de bord continueront de nous faire tourner en rond ».
En référence au Glasgolia Inn, une taverne de Glasgow où se retrouvaient les marins avant un long voyage en mer, Patrick Corillon a inventé la Glasgolie pour définir le sentiment d’abandon des jeunes marins, des petits ramoneurs, des petits métiers, des clochards. Ce sentiment, à la croisée de la
nostalgie et de la mélancolie, ce mal du pays et ce besoin d’évasion qu’évoquent si souvent les chants de marins.
« La Glasgolie, c’est le nom d’un bien étrange sentiment qui, depuis plus de deux cents ans, sillonne les mers, parcourt les rues, entre dans les maisons, nous traverse le coeur, puis — dès qu’il nous a bien transformés — s’enfuit par la cheminée ». Le sentiment de la Glasgolie a son musée à Glasgow : la Shanty house (ou Maison vague). C’est ce musée que Patrick Corillon nous invite à visiter. Il nous présente des objets et des chants de marins comme autant de traces de l’histoire de la Maison Vague. Dans cette archéologie de l’imaginaire, la fiction et la réalité se confondent. Ces histoires, ces chants et ces objets ont-ils vraiment existé ?
Les chants voyagent et se transforment. Des mers, ils arrivent sur les toits grâce aux marins devenus, par la force des choses, ramoneurs. Ils vont ensuite se répandre parmi les métiers de rue, premiers à entendre ce que l’on chantait sur les toits. Des marchands ambulants (merciers, vitriers, marchands de papiers peints) vont reprendre et adapter ces chansons pour attirer les clients des marchés. De fil en aiguille, ce seront les théâtres de marionnettes, les petits marchands devenus ouvriers, les laissés-pour-compte qui reprendront ces chansons y ajoutant les couplets de leurs vies nouvelles.
Avec poésie, humour et délicatesse, Patrick Corillon nous fait monter à bord, suivant l’itinéraire de ces chants de marins et des hommes qui les ont portés.
Patrick Corillon
Artiste plasticien, écrivain et dramaturge, Patrick Corillon vit et travaille à Paris et à Liège. Il a exposé à la Documenta IX en 1992, à la Biennale de Sao-Paulo en 1994, de Lyon en 1995, de Sydney en 2002 et de Bruxelles en 2008.
Son travail a par ailleurs été montré dans de nombreux musées d’art contemporain et galeries : la Tate Gallery à Londres, le Centre Georges Pompidou à Paris ou encore, le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, le Mu.ZEE d’Ostende. En 2010-2011, il a été artiste-invité au Fresnoy. Il réalise plusieurs commandes publiques (pour la Manufacture des Gobelins, le Palais Royal de Belgique, le Théâtre de Liège, le tramway de Paris ou Nantes) ou du secteur privé (Fondation Cartier, Nina Ricci, Kenzo...). Ses œuvres sont dans les collections publiques en France et Belgique.
Depuis 2006, Patrick Corillon est artiste associé de la maison de production le Corridor et y développe des spectacles d’art vivant où le livre, la manipulation d’objets et la musique ont toujours une place importante. Ces dernières années, il a crée Les Vies en soi un projet de cinq performances en solitaire, destinées tant aux théâtres qu’aux musées et aux bibliothèques : La Rivière bien nommée (60 minutes pour être de son temps), Le Benshi d’Angers (60 minutes et des poussières), L’Ermite ornemental (60 min pour ne rien dire), et L’Appartement à trous (60 minutes pour parler toutes les langues), volet accueilli au Festival des Francophonies en 2014, et Les images flottantes (60 minutes pour rentrer dans le cadre).
Dominique Roodthooft
Comédienne, metteure en scène et directrice artistique du Corridor. Son travail relève d’une écriture de plateau ou de montage de textes non théâtraux, sensibilisée depuis son premier métier – assistante sociale – à l’aspect humain, les liens et « la vraie vie ». Elle a choisi la scène, lieu neutre, boîte noire où tout est à réinventer à chaque projet, pour développer plus profondément ses idées. En plus du phénomène des attentes, de l’analyse institutionnelle et de l’organisation du pouvoir, son engagement professionnel est guidé par la question des nouvelles résistances. En effet, actuellement, beaucoup de citoyens s’activent et se mettent en réseaux, créent des situations dans lesquelles ils peuvent réinventer des mondes sans prendre le pouvoir et sans l’imposer nécessairement à tout le monde. La conséquence logique à tout cela est la fondation de la maison de création et de production le CORRIDOR. Son travail de création est reconnu par des festivals de renommée internationale (le Kunstenfestivaldesarts en 2009 et 2011, le Festival d’Avignon IN en 2010, la 25ème heure et le festival d’Avignon OFF, au Théâtre des Doms - vitrine de la Communauté française de Belgique en 2009 et 2013).
Parmi ses créations, citons Le Paradis des chiens (Prix du Théâtre 1998 Jeune compagnie) ou Construire un feu (Prix du Théâtre 2003, Meilleur seul en scène). Elle met en scène L’Opéra bègue (2004) (Prix du Théâtre Meilleure Scénographie). Elle crée les SMATCH, des soirées composées où elle met en lien des philosophes, cinéastes, plasticiens, citoyens, poètes, sociologues, militants pour développer un même thème et tricoter des approches différentes. Sa dernière création Thinker’s Corner (ou coin des penseurs) est un dispositif réalisé pour partager la pensée dans l’espace public sous une forme ludique et conviviale.
Thomas Smetryns a étudié la composition avec Godfried-Willem Raes et la guitare, le luth et le théorbe avec Ida Polck et Philippe Malfeyt au Conservatoire de Gand. Il est professeur de guitare au Conservatoire d’Ostende. Compositeur, il voue un intérêt particulier à la recherche de nouvelles expériences musicales ancrées dans l’inconscient historique ou social. À travers ses activités de DJ (exclusivement avec des 78 tours), l’intégration du passé musical dans le contexte contemporain occupe une place centrale.
En 2008, il a collaboré avec LOD pour De duivel beduveld / Le diable abandonné, un spectacle créé au festival Muziektheater au Bijlokekaai. De plus, il a composé pour le projet Lecture Songs 1 et 2. En 2013, il a écrit la musique de la production De ongelooflijke veranderingen van Meneer Afzal/Les incroyables métamorphoses de monsieur Afzal (Pieter De Buysser). En février 2015 a eu lieu la création de sa première collaboration avec Inne Goris, Neige, une production de LOD. En 2016 il composera la musique d’un autre spectacle de LOD, Paradis.